13/02/2023

Partager

« Nous avons toutes les cartes en main pour continuer à faire progresser le Groupe. »


Entretien avec Yves Belegaud, Directeur Général d’EXEL Industries

Quel bilan faites-vous de l’année 2021-2022 qui a été marquée par une triple crise géopolitique, énergétique et inflationniste ?

— Yves Belegaud : Nous avons en effet vécu une année particulière avec tout d’abord une crise des approvisionnements qui est survenue juste après la levée des restrictions sanitaires liées à la Covid-19. Lui a succédé, du fait de l’invasion russe en Ukraine, un double choc énergétique et agricole qui s’est traduit par une flambée du prix des matières premières. Si les rentrées financières plus favorables, dont ont bénéficié les agriculteurs, les ont conduits à investir dans l’achat d’agroéquipements, notre rythme de production n’a cependant pas pu répondre totalement à la demande, faute d’approvisionnements suffisants. D’où un décalage d’une partie de notre chiffre d’affaires et de nos marges sur fond d’évolution défavorable de nos coûts d’achat.

L’activité Jardin a, pour sa part, connu un retour à la situation qui prévalait en 2019, ce qui s’est traduit par une baisse d’activité de l’ordre de 15 à 20 %. L’activité pulvérisation industrielle a subi, quant à elle, la baisse des ventes automobiles en Europe mais notre implantation mondiale diversifiée nous a aidés à surmonter cette mauvaise conjoncture avec des conditions de marché plus favorables en Amérique du Nord et en Asie. Enfin, concernant l’industrie nautique qui reste mineure dans notre chiffre d’affaires, nous revenons progressivement dans la course grâce à la sortie d’un nouveau modèle WAUQUIEZ, le PS48E. Nous avons aussi redynamisé notre réseau de distribution et fait notre retour sur les grands salons nautiques afin de gagner en attractivité. Pour affronter au mieux ces différentes crises et nous adapter à ces nouvelles conditions de marché, nous avons ajusté nos organisations et créé de véritables task forces afin de mutualiser les bonnes pratiques ayant cours dans le Groupe. Nous avons aussi, afin d’améliorer notre niveau de performance, renforcé nos organisations Achats et bureau d’études et décidé d’ajuster de manière différenciée le prix de vente de nos équipements, autant de fois que nécessaire dans l’année.

Dans ce contexte, quel regard portez-vous sur la performance du Groupe ?

— Nous avons réalisé en 2021-2022 un chiffre d’affaires record de 977 millions d’euros qui est tout à fait en ligne avec notre croissance externe et avec l’évolution de nos prix de vente. Notre résultat net, qui s’élève à 28,6 millions d’euros, a néanmoins été pénalisé par différents éléments parmi lesquels la crise des approvisionnements déjà évoquée, le lancement laborieux de notre progiciel de gestion dans l’activité Jardin et la trajectoire de notre besoin en fonds de roulement qui n’a pas été optimale. Nous avons en effet subi les conséquences d’approvisionnements incomplets qui nous ont empêché de livrer nos machines, ce qui a augmenté nos stocks de matières premières et de composants dont la valeur est en outre plus élevée que prévu du fait de l’augmentation de nos prix d’achat. Résultat : l’effet stock dans notre résultat est non négligeable et pèse sur le cash disponible, mais seulement de façon temporaire.

Quelles sont les initiatives et avancées qui ont marqué l’année d’EXEL Industries ?

— Le Groupe a fêté en 2022 ses 70 ans. Nous avons conçu cet anniversaire comme un temps de célébration et de mobilisation en invitant à Épernay nos partenaires et en organisant un séminaire à l’attention de nos 100 Top Managers. L’année a aussi été marquée par de belles avancées RSE. Nous avons en effet souscrit pour la 2e fois un financement à impact en adossant nos lignes de financement à moyen terme à des objectifs de durabilité. Nous avons aussi décidé de reconstruire intégralement notre usine SAMES de Stains en Seine-Saint-Denis. C’est un projet d’ampleur, étalé sur trois ans, grâce auquel nous allons franchir un cap en matière de RSE puisque cette usine vise une double certification BREEAM et HQE. Enfin, sur le plan commercial, nous avons poursuivi notre politique d’innovation en proposant au marché de nouveaux produits et en lançant la commercialisation des solutions d’EXXACT Robotics dont les essais dans les champs ont été concluants.

Quels sont les principaux défis auxquels le Groupe doit désormais faire face ?

— Nous devons tout d’abord reprendre la main sur la trajectoire de notre besoin en fonds de roulement. Cela implique de remettre au premier plan notre culture du cash et d’optimiser la gestion de nos stocks et de nos approvisionnements ce qui permettra de diminuer nos frais financiers. Il nous faut aussi encore et toujours améliorer notre efficience opérationnelle. Nous avons l’ambition de franchir un nouveau palier en matière de sécurité en diminuant notre taux de fréquence des accidents de travail. Enfin, la RSE continue d’être au cœur de nos actions. Nous avons ainsi chez SAMES remplacé le fret aérien par du fret maritime bien que cela mobilise des besoins en fonds de roulement plus importants. Des productions de l’activité Jardin, jusqu’alors sous-traitées en Asie, vont être réinternalisées et nous utilisons désormais pour la fabrication de nos tuyaux des polymères recyclés. Quant à nos agroéquipements, ils sont équipés de moteurs « stage 5 » qui sont les moins polluants du marché. De même, nous finançons, via notre fonds de subvention Groupe, des investissements à vocation RSE au sein de nos différentes entreprises. Autre fait majeur, le lancement du premier prototype du robot TRAXX propulsé à l’hydrogène. Enfin, nous poursuivons nos efforts pour réduire notre empreinte carbone avec le déploiement d’actions ciblées sur le scope 3.

Dans ce monde d’incertitude, quel cap fixez-vous à EXEL Industries ?

— Outre l’optimisation de notre performance opérationnelle, nous entendons poursuivre nos avancées en matière d’innovation, facteur clé de succès et de différenciation, capitaliser sur notre double diversification métiers et géographique et financer notre politique de développement sur nos propres ressources.